BÉATRICE était officier de police dans l'une des plus prestigieuses brigades du Quai des Orfèvres. Le 21 janvier dernier, à la veille du pot annuel de son service, cette jeune femme d'une trentaine d'années s'est approchée de la Seine. Elle s'est déshabillée, a soigneusement plié ses vêtements, posé dessus sa carte professionnelle et s'est jetée dans une eau à 7 degrés pour ne plus jamais réapparaître. Une semaine plus tard, Jean-Claude, la cinquantaine, enquêteur chevronné d'un groupe de répression du banditisme de la banlieue parisienne, père de deux enfants, se donnait également la mort. L'émotion est encore grande dans ces deux services.
En France, la police déplore en moyenne près d'un suicide par semaine. Quarante-huit agents se sont donné la mort en 2006, soit treize de plus qu'en 2005. La « grande maison », pudique, n'aime guère évoquer ce sujet. Mais elle s'est dotée d'une unité dédiée au traitement des bleus à l'âme de ses fonctionnaires : le Service de soutien psychologique opérationnel (SSPO). Né de la volonté d'Éliane Theillaumas, une psychologue clinicienne que rien ne raccrochait à la police, il a été créé en 1996. Cette année-là, pour le seul mois de février, dix policiers venaient de mettre fin à leurs jours. « Ce fut un choc », se souvient-elle. Son service emploie aujourd'hui 53 psychologues qualifiés. Le nombre de ses consultations est passé de 11 000 à 13 000 l'an dernier (+ 21 %).
«Prise en charge immédiate»
Et le traumatisme des émeutes n'a pas peu compté. Les assistances psychologiques auprès des groupes de policiers qui désiraient parler des incidents pour évacuer le stress accumulé ont augmenté de 167 % au lendemain des événements. On dénombrait aussi une dizaine de suicides pour le seul mois de janvier 2006, sans qu'un lien puisse être formellement établi avec le contexte des violences urbaines.
« Il ne faut pas se méprendre sur les chiffres, prévient-on à la direction générale de la police nationale. Ce n'est pas parce que la police consulte plus qu'elle va moins bien. » « Au contraire, explique un directeur régional de la police judiciaire. Avant, quand un fonctionnaire faisait une dépression, ce problème remontait rarement à la hiérarchie et le chef de service se contentait d'offrir trois à quatre jours de repos à l'intéressé, sans pouvoir proposer une solution de fond. Aujourd'hui, avec le SSPO, le chef se sent mieux épaulé. »
Les suicides sont aussi interprétés comme des signes de faillite pour les services concernés et ne manquent pas d'alimenter la guerre des polices. « La prise en charge immédiate des équipes par des psychologues permet de mieux comprendre ce qui a pu se passer, en dehors de toute polémique », se félicite un commissaire de la Sécurité publique.
« Le taux de suicide dans la police n'est pas supérieur à la moyenne nationale, assure Éliane Theillaumas. Mais l'acte est plus spectaculaire chez les policiers en raison de l'utilisation de leur arme de service », sept fois sur dix.
« Au-delà de ces cas extrêmes, le moral des troupes reste bon », assure Jean-Claude Delage, le patron du syndicat Alliance. « D'ailleurs, le taux d'absentéisme diminue », constate la chef du SSPO. Selon elle, il y aura toujours de la désillusion chez certains jeunes policiers qui se faisaient une idée fausse du métier, notamment à travers la télévision. Ce spleen ne serait pas propre aux affectations en banlieue.
Il y a aussi le cas fréquent du policier usé par ses années de service souffrant d'un manque de reconnaissance. « Quand l'un d'eux me fait la confidence qu'il veut en finir, confie-t-elle dans son bureau du front de Seine, il ne quitte pas cette pièce sans que j'appelle son chef de service pour un désarmement. »
SOURCE DEPECHE FIGARO du 15/10/2007
PARIS (AFP) — Les. récents suicides de policiers, - cinq depuis le début de l'année -, suscitent l'inquiétude des syndicats professionnels, l'un ayant réclamé jeudi l'ouverture d'un "large débat" sur la question, alors qu'un autre a dénoncé la "pression hiérarchique" exercée sur les fonctionnaires
La question des suicides est un sujet brûlant dans la police depuis les années 1990 où une vague anormale de suicides avait été enregistrée. Cinquante policiers se sont donnés la mort l'an dernier, soit autant qu'en 2006.
L'administration policière avait dû mettre en place des mesures d'accompagnement, notamment psychologique, après que les syndicats eurent dénoncé cette série noire.
Alors que l'administration invoquait des "raisons personnelles" pour ces cas, les syndicats les imputaient aussi aux "difficultés du métier".
Une série de cinq cas relevés depuis début 2008 a relancé la polémique.
Le Syndicat général de la police (SGP-FO) a exprimé mardi son "inquiétude" face au nombre de suicides de policiers depuis le début de l'année 2008 qu'il chiffre à cinq.
Quatre de ces suicides sont intervenus dans la région parisienne, a assuré le syndicat, un autre, à Tours (Indre-et-Loire), le 13 janvier, a eu pour cadre les locaux du commissariat.
Une mission d'écoute et de conseil est arrivée mardi dans ce commissariat afin de tenter de "comprendre ce qui s'est passé", a-t-on appris auprès de la préfecture mardi.
C'est la troisième fois qu'un policier se suicide ou tente de se suicider en un an en Touraine, selon des sources policières.
Le Syndicat des commissaires (SCPN, majoritaire) a réclamé jeudi "une fois de plus l'ouverture en urgence d'un large débat" entre administration et syndicats de policiers estimant, dans un communiqué, que les "suicides touchent tous les corps (de la police) sans exception".
Le secrétaire général de l'Unsa-police (premier syndicat de gardiens de la paix), Joaquin Masanet, a déclaré à l'AFP qu'il "y a un problème de fond: la pression hiérarchique sur les policiers".
"C'est facile de dire que les suicides sont liés à des raisons personnelles", a ajouté M. Masanet, selon lequel la "pression peut entraîner des dérapages".
Le secrétaire général du SGP-FO, Nicolas Comte, a fait valoir pour sa part que "le policier est au centre des tensions de la société".
Il estimé que les raisons de tels actes suicidaires sont "diverses mais plus compliquées" qu'un "simple motif d'ordre privé" comme l'ont indiqué des sources policières après les enquêtes ouvertes sur les cinq suicides de 2008.
M. Comte a ajouté être "particulièrement attentif à ce qui se passe à Tours".
Le secrétaire général du SCPN, Olivier Damien, a estimé qu'il y avait souvent un "amalgame inacceptable" pour rendre compte de ces suicides, le débat se focalisant sur les commissaires "à qui on demande un management sans faille sans leur en donner les moyens".
Le syndicat a rappelé avoir alerté la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, en novembre 2007. Il s'était alors alarmé que "trois fois en vingt-deux mois" des commissaires de police se soient suicidés, en 2006 et 2007, avec leur arme de service et dans leur bureau.
Ces suicides de "patrons", rares, pas "totalement éclaircis" selon les syndicats, avaient surpris dans les milieux policiers.
Le SCPN dit n'avoir reçu aucune réponse de la ministre.
SOURCE DEPECHE AFP DU 24 janv. 08
Bon en metant ça en ligne je frole la limite, devoir de reserve etc...
Mais arrive un moment faut savoir ouvrir sa gueule à bon escient, et la je commençe à me dire qu'il est temps.
Sur mon service on est juste à deux tentative ratée en deux mois...
Mais tout va bien dans le Police.
Moi ça va, ça va toujours.
Et vous ???
Libellés : afp, figaro, police nationale, stress au boulot, suicide